dimanche 25 octobre 2009

Qu'avait derrière la tête celui qui jeta cette photographie d'Izis?



Est-ce par lassitude, envie de faire place nette chez soi, ou encore par volonté de ne pas s'encombrer de pareille image? Difficile de savoir comment cette reproduction de l'impasse Traînée par le photographe Izis a pu échouer au milieu de choses hétéroclites chez les Compagnons d'Emmaus d'Angers. Izis? Je dois bien l'avouer, ce nom ne m'évoquait rien quand je contemplais ces enfants en train de faire le poirier. Le noir et blanc, la rue, les enfants qui jouent m'évoquaient plutôt Doisneau. Mais à lire sa biographie je m'aperçois que je ne dois pas être le seul à méconnaître ce photographe talentueux. En Voici un bref résumé.

Né à Marijampole en Lituanie en 1911, Izis, de son vrai nom, Israëlis Bidermanas est un photographe français. .

Il émigre à Paris en 1930, dans le but de fuir les persécutions antisémites et avec le désir de devenir peintre, puis se réfugie dans le Limousin pendant la guerre. Il est arrêté et torturé par les nazis, puis libéré par la résistance. Il prend alors les armes et photographie ses compagnons du maquis.

Après la guerre, revenu à Paris, il se lie d'amitié avec Jacques Prévert et les artistes de son époque, peintres ou poètes. Il devient reporter pour Paris Match, qui publie bon nombre de ses photos dont celles de Grace kelly, de Roland Petit, Jean Cocteau, Colette, Gina Lollobrigida, Édith Piaf, Orson Welles, mais également celles des mineurs de Montceau-les-Mines... Il a fait des reportages en Israël, en Angleterre, au Portugal et en Algérie...

Il est mort à Paris en 1980.

En 1951, Izis était pourtant parmi les « Cinq photographes français » qui exposaient au MoMA de New-York, entre Brassaï, Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau et Willy Ronis. Après une longue traversée du désert son œuvre revient au premier plan. En 2007, une exposition « Izis, à travers les archives photographiques de Paris Match (1949-1969) » se tient à la Maison de la Photographie Robert Doisneau. Une autre exposition, "Izis, photographe de l'instant" a été présentée à Limoges en 2007, puis en Lituanie. Une exposition "Izis" est prévue à compter du 17 janvier 2010 à l'Hôtel de Ville de Paris. Elle ira ensuite à Berlin. La redécouverte de son œuvre lui redonne aujourd’hui cette place entre les plus grands.

Paris, Montmartre, 1949

On retrouve dans ces images la douceur attentive de son regard et cette distance au monde qui lui est si particulière, entre respect et émotion. Izis-reporter reste ce « colporteur d’images », comme l’écrivait Prévert, à la fois témoin et poète.

Des immigrés du Banat (région de Hongrie) d'origine française reviennent en france pour faire revivre un village deu Midi en ruines vers 1949-1950. Izis/ parisMatch

Izis place l'humain au centre de son propos. Au cœur de la foule, il capte les regards et les expressions, entre respect et émotion ; il ne cherche pas d'effets spectaculaires ni de mises en scènes particulières.

Impasse Traînée, paris, 1950



"Il m'a fallu de nombreuses années pour oser m'approcher des gens avec un appareil. Mais avec le temps, j'ai réussi à photographier sans être vu. Les gens que je photographie ne me voient pas car ils sont la plupart du temps dans leur monde intérieur, dans leur rêve."Entretien avec IZIS publié dans Zoom N° 51 - Mars 1978


Edith Piaf

L’une des caractéristiques fondamentales de son œuvre est de faire surgir le merveilleux du quotidien, de faire rêver. « Les gens que je photographie sont souvent assoupis ou regardent loin... Dans mes photos, même les animaux rêvent... Je me photographie moi-même... Dans mon enfance, on m’appelait le rêveur. ».

Londres, White Chapel, 1950


"J'appuie sur le déclic quand je suis à l'unisson avec ce que je vois" confiera Izis dans son dernier livre Paris des Poètes paru en 1977, livre qui sera préfacé par Prévert peu de temps avant sa mort.

Marseille, 1949

Paris, quai de Jemmapes, canal Saint martin




vendredi 23 octobre 2009

Qu'avait donc derrière la tête Yves Suty en préparant l'exposition "Che : du héros culte au culte de marque?"

Photographie de T. Bonnet



En imposant à près de soixante-dix artistes de travailler sur le thème de Che Guevara, ou plus exactement sur son image telle qu'elle a évolué au fil du temps, Yves Suty devait bien avoir une idée derrière la tête.
Un hommage au Che ?, certainement pas. Une entreprise de dénigrement ?, pas plus. De faire un coup médiatique en dénonçant la merchandisation des idéaux? Peut être. De se moquer gentiment du mythe ? Si l'on veut car on assiste en effet, à travers les oeuvres exposées, à des variations plus ou moins respectueuses, empreintes de distance et d'ironie. Que les artistes se réapproprient ce qui est devenu un objet de consommation?, sans doute. De faire découvrir le Che aux plus jeunes et de montrer aux autres des facettes du révolutionnaire?, depuis quand les galeristes ont vocation pédagogique maintenant? D'exposer des créateurs peu habitués aux expositions car venant de la publicité ou du design, cela ne fait aucun doute."Il faut savoir que je viens de la publicité et du design, activités où l'on fabrique des mythes commerciaux. En cela le mythe du Che symbolise parfaitement les dérives de notre système qui mouline tout ce qu'il touche en prêt-à-croire. Le Che s'est réincarné en marque", indique Yves Suty.
Mais pour pouvoir pleinement apprécié les oeuvres exposées au Grand Théâtre d'Angers il est peut être nécessaire de faire un petit détour par l'Histoire, de retracer brièvement l'histoire de l'homme et de l'image.


Le révolutionnaire
Né le 14 juin 1928, à Rosario de La Fé, en Argentine, de l'union de Celia de la Serna et d'un entrepreneur du bâtiment, Ernesto Guevara Lynch, le futur Comandante suit sa famille dans les nombreux déplacements occasionnés par la profession du père. La condition de la famille est loin d'être précaire, comme en témoigne la décision de s'établir dans une station de villégiature de la région de Cordoba afin de soigner l'asthme du petit Che. Après y avoir achevé ses études, Ernesto décide de se lancer dans des études de médecine à Buenos Aires, où désormais vit la famille, suite à des problèmes financiers. Il finance lui-même ses études en travaillant comme infirmier, vendeur de chaussures. Quand il délaisse ses livres et que son asthme lui laisse quelque répit il se promène dans les quartiers populaires pour parler aux vagabonds et aux souffrants.
Passionné par les voyages, il part, fin 1951, à moto, avec son ami, Alberto Granado, découvrir les Andes et les cités précolombiennes. Arrivés à la léproserie de Huambo, au Pérou, ils se proposent comme bénévoles. Son voyage l'emmènera jusqu'à Miami où il reste plus d'un mois presque sans argent. Son aversion pour les USA est immense. Revenu à Buenos Aires, il termine son doctorat de médecine puis se dirige vers le Guatemala rejoindre une révolution condamnée par les USA. Réfugié à l'ambassade d'Argentine après la chute du gouvernement révolutionnaire, le Che, comme on l'appelle désormais, prend le chemin de l'exil au Mexique. Il y rencontrera des révolutionnaires cubains dont Fidel Castro.

Le 25 novembre 1956, 82 révolutionnaires parmi lesquels le Commandant Fidel castro et l'officier médecin Ernesto Che Guevara, s'éloignent des rives du rio Tuxpan pour rejoindre les côtes cubaines. Après une traversée qui tourne au cauchemar, la révolution cubaine peut commencer. Les marches interminables succèdent aux violents combats avec les troupes régulières pour finalement atteindre la Sierra Maestra. Le Che est gravement blessé au cou. Mais l'armée révolutionnaire voit ses rangs grossir et c'est finalement dans la nuit du 31 décembre 1958 au 1er janvier 1959 que la ville de Santa Clara est prise.
Batista s'enfuit et le Che entre dans La Havane le 2 janvier. Le Comandante est devenu une véritable légende vivante.
S'ensuit une des pages les plus controversées de la vie d'Ernesto car liée à son activité au sein de la prison de la Cabana où entre 200 et 500 prisonniers trouvèrent la mort.

Devenu Cubain, il devient l'ambassadeur de la révolution et voyage à travers le monde. A 37 ans,lassé de la vie politique, il reprend le combat et rejoint les révolutionnaires zaïrois qui luttent contre Moise Tshombe. Sa mission s'achève par la destitution du président sans que son action y soit pour grand chose.






















Son aventure révolutionnaire prend fin en Bolivie, où son opération se solde par un échec . Abandonné et frustré, il est capturé par des soldats boliviens, puis est exécuté le 9 octobre 1967, ensuite enterré sous une route. Ainsi se termine la vie du révolutionnaire. Mais les photographies de sa mort, et la mise en scène macabre voulue par les militaires boliviens vont faire le tour des rédactions. Certaines de ces images peuvent être comparées aux tableaux du Christ et vont aider ainsi à faire du héros un martyr.



Le Che éternel

Qui n'a jamais vu l'une de ces photos? Que ce soit dans les livres, les journaux, sur des affiches, les murs ou encore sur des tee-shirts, difficile d'y échapper! Pour la majorité d'entre nous, elle est l' incarnation même du Che. La photographie a été prise le 5 mars 1960 à La havane par Alberto Diaz Gutierrez dit Korda lors de l'enterrement de 75 hommes tués la veille dans l'explosion du navire marchand français chargé d'armes, Le Coubre, explosion dûe probablement aux services secrets américains. Rage, douleur, yeux fiévreux, cheveux agités par le vent se mêlent dans ce cliché. Pourtant celui-ci restera 7 ans dans un tiroir . C'est l'Italien Feltrinelli qui l'en exhume avant que les étudiants révoltés ne s'en emparent pour en faire un symbole de contestation. En l'espace de quelques mois, cette photographie fait le tour du monde. Elle est devenue en peu de temps le symbole d'un mythe affiché sur les murs des chambres d'une génération entière. Pour le magazine Photo, Jacques Séguéla, publicitaire de renom, décrit le cliché : “La photographie de Korda concentre toutes les vertus qu’on attribue au Che : honnêteté, bravoure, désintéressement, défi, loyauté, fierté, sans oublier une dose de virilité militaire. Le visage de Che Guevara exprime autant la fermeté (face aux Etats-Unis) que la confiance (en l’avenir de la révolution), la négligence (barbe, cheveux longs au vent) que le sérieux de l’engagement (l’étoile de commandant sur son béret)”. L'artiste irlandais Jim Fitzpatrick la stylisera en n'utilisant que le noir et blanc et va la transformer en représentation d'une icône pop propulsant du même coup le Che au rang des rock stars.

Un destin paradoxal



Le Che a-t-il été instrumentalisé par la politique? Le débat reste ouvert, mais ce que l'on peut vérifier plus de 40 ans après sa mort, c'est la survivance du mythe ou du moins l'exploitation par le marché de l'icône révolutionnaire. Que penser du déferlement d'objets de consommation à l'effigie du Che? Celui qui a combattu toute sa vie le capitalisme devient au final la meilleure expression de l'esprit de consommation, de ce système économique et politique. Pouvait-il imaginer que des milliers de Tee-shirts arboreraient son visage, que le chiffre d'affaires généré par ce business qui exploite son image dépasserait les centaines de millions de dollars? On ne compte plus les entreprises dans le monde qui produisent des objets explicitement dédiés au Che dont la majorité sont américaines ou multinationales au capital nord-américain. Les membres de la jet set comme le footballeur Maradona, le boxeur Mike Tyson, le chanteur Manu Chao ou encore l'acteur Johnny Depp exhibent des tatouages dédiés au Comandante, provoquant un effet boomerang sur les masses toujours enclines à prendre ces stars comme exemple. Ceux qui achètent ces objets s'offrent-ils pour quelques Euros le mythe, pensent-ils devenir révolutionnaires, sauveurs du monde? Je ne le pense pas. Le phénomène a beau être étudié, il n'en garde pas moins son mystère. Pour Christopher Hitchens, "le statut d’icône du Che vient du fait qu’il a échoué. Son histoire est une histoire de défaite et d’isolement. C’est un révolutionnaire qui n’a plus ni griffes ni crocs ; il incarne une révolte qui ne blesse personne. Aurait-il vécu plus vieux, aurait-il été associé au pouvoir, le mythe du Che serait mort depuis longtemps” . D'autant qu'il est affublé d'une belle gueule, et si Ernesto Guevara avait eu le nez tordu, les yeux atteints de strabisme et le menton en galoche?

Les artistes et le Che

On pense évidemment à Andy Warhol. Il utilise l'image du Che comme celles de Maylin Monröe, Jacky Kennedy, Mao, Elvis Presley. Ni hommage, ni critique, ni détournement, juste une "sérialisation", pour donner un produit comme sait le faire la publicité. L'homme s'est effacé au profit de l'image, ses idéaux se sont évanouis pour laisser place à la figure du héros révolutionnaire revu par l'artiste new yorkais.
De très rares artistes, au contraire, comme l'Argentin Miguel Hunt, ont souhaité à travers leurs toiles rendre hommage à Ernesto Guevara.

L'exposition proposée par Yves Suty n'est pas politique, 40 ans sont passés depuis la mort du guerrillero. Nous sommes en France, les idées de révolution ont fait long feu et la contestation est incarnée par un autre poeple, le beau gosse, postier de son état, chantre du NPA de par sa fonction.Il s'agit, ici, chacun à sa manière de revisiter l'image d'Ernesto Guevara.
On pourra remarquer que ce sont surtout les signes de virilité militaire, de défi, de bravoure, de fierté qui ont intéressé les jeunes peintres. L'honnêteté, le désintéressement dont parle Séguela n'apparaissent pas. L'isolement et la défaite peuvent transparaître dans certains tableaux. Ce qui retient l'attention, c'est le personnage Che, ce qui est dû sans doute une pipolisation réactualisée du révolutionnaire.


Daï Daï propose trois moments de la vie du Che : le médecin, le guérilléro arrogant et l'homme sandwich qu'il est devenu. Pour pouvoir apprécier pleinement ses oeuvres il faut avoir à l'esprit les campagnes publicitaires pour les producteurs de lait américains "Got Milk" où les plus grandes stars américaines sont sollicitées pour vanter les mérites du lait. L'artiste joue avec le point de vue du spectateur. Il n'est plus question de se situer en contrebas d'Ernesto Guevara, dominé par lui en quelque sorte comme dans la photo de Korda mais au-dessus de lui comme si ce dernier redevenait un simple humain à son tour dominé par le Très Haut. Le clin d'oeil qu'il nous adresse semble indiquer qu'il n'est pas dupe de ce qui lui arrive ou va lui succéder.

Yves Ullens s'attache, quant à lui, au parcours de l'homme avec ses hauts et ses bas représentés par l'éléctro encéphalogramme. On retrouve dans le portrait les lieux importants où il vécut avec les sourcils, figurés par la carte de Cuba et la région de Buenos Aires le nez, étant une partie de la Bolivie. Les barbelés emprisonnent l'image, le révolutionnaire serait-il prisonnier de son image? L'arme et le sthéthoscope qui encadrent l'E.E.G. sont bien évidemment les symboles de son action.










Les univers de Terry et de Dav Guedin sont ceux de la bande dessinée et du cinéma d'action. Le Che est certes un héros mais au même titre que Chewbacka de Star Wars ou Bruce Lee.














C'est avec humour que Jo Brouillon lance son appel à la lutte armée en faisant allusion à Gainsbourg et sa Marseillaise (aux armes et caetera).

Ce que l'on peut remarquer c'est la présence de signes incontournables qui sont attachés au Che : le béret pour son rôle militaire, l'étoile pour la révolution, le cigare pour le fait qu'il soit devenu Cubain. Cuba est omniprésent, des phrases comme Cuba libre , Hasta la victoria sempre reviennent également faisant référence aux discours de Che. Mais ce sont les seules références à ses idéaux et qui sonnent plus comme des slogans publicitaires. D'ailleurs d'une manière générale, les artistes exposés ne sont pas tendres à l'égard de l'image du Comandante.



La référence à l'icône Che est explicite chez Doberman (icona popular) alors que Ian Stuyve nous fait un cours de sémiologie appliquée. Le visage stylisé du Che est une icône au même titre que la représentation du piéton, du téléphone, ou ici du verre brisé indiquant la fragilité. Avec une pointe d'humour l'artiste invente un contenant supposé fragile, qui reste à identifier.



Certaines des oeuvres exposées retracent la lutte entre le révolutionnaire et l'impérialisme américain et son pendant économique, le capitalisme.
En effet comment interpréter les soldats de plomb qui envahissent la surface de la toile, dessinant ainsi les traits de Guevara? Mais la sculpture de Michel Soubeyrand n'est pas la défaite du Che contre les Américains - ou pas seulement. "C'est aussi une représentation de la réalité : le Che a donné une image esthétique, séduisante, attirante de la tuerie. Son visage est fait des soldats qui servent sa révolution, ses desseins meurtriers. Cette oeuvre résume parfaitement l'exposition", précise Yves Suty.
Patrick Thomas est encore plus radical à mon avis. Avec American Investment, il nous signifie que la révolution a été vaincue et que les enseignes des entreprises américaines déferleront sur Cuba comme elles envahissent le visage du Che. La lutte semble inégale tant l'armée yankee semble nombreuse et conquérante. La victoire des marchands américains ne fait pas de doute.

Pour aller plus loin :
Dossier Ernesto Guevara dans la revue Histoire
Une interview du Che en français: http://www.youtube.com/watch?v=y5X0L_SPgoE
Carnets de voyage (Diarios de motocicleta) film brésilien, chilien, américain, péruvien et argentin réalisé en 2003 par Walter Salles
http://www.galeriesuty.com/

samedi 10 octobre 2009

Qu'avait donc derrière la tête Benoît Hamon?



Emboîtant le pas à Marine Le Pen au sujet du livre de Frédéric Mitterrand "La mauvaise vie", Benoît Hamon en a surpris plus d'un en dénonçant les écrits d'un "ministre-consommateur" et jugeant "choquant", "qu'un homme puisse justifier, à l'abri d'un récit littéraire, le tourisme sexuel", déclenchant, une nouvelle tempête dans les rangs du parti socialiste.
Ce qui surprend en effet, ce n'est pas les ragots ou autres rumeurs de ce genre coutumiers chez l'extrême droite mais l'écho chez des hommes de gauche. Pourtant, il n'est pas question ici de commenter les extraits mis en cause ni les déclarations des uns et des autres mais de réfléchir à partir de cette polémique sur le rapport public/privé à travers ici le corps d'un homme politique. Certains auteurs comme Patrice Flichy ont signalé ce lent glissement de l'espace public vers l'espace privé. Richard Sennett, quant à lui, dans son ouvrage, "Les tyrannies de l'intimité", faisait le constat du déclin des spectacles collectifs au profit des divertissements à usage privé et utilisait l'expression "vie privée publique". Ici, que se passe-t-il? Le livre, sorti il y a presque cinq ans, ne provoqua alors que peu de remous et fut salué par une partie de la critique. Mais depuis, l'auteur est devenu ministre et son corps, privé alors, même s'il fut dévoilé au public à travers ce récit devient publique car politique. En d'autres termes, le corps d'un politique est-il privé ou public? Ne doit-on pas distinguer ce qui relève de l'intime, de la vie sexuelle des hommes politiques, qui relève du privé, de la posture corporelle de ces derniers.
On peut relever qu'il y a eu ces derniers temps un brouillage car les corps de Nicolas Sarkozy et de Barack Obama sur la plage ont fait le tour des rédactions. Par posture corporelle, j'entends ce corps que le président des Français exhibe sur la plage ou plus loin encore, celui de Valéry Giscard d'Estaing en train de jouer au football. Ces images sont proches de celles de John Kennedy, à la barre de son voilier, le torse nu, affichant ce corps vigoureux, synonyme de jeunesse incarnant une nouvelle politique, garant de modernité.
La vie politique ne cesse de se personnaliser, est-ce pour autant une corruption et celle-ci représente-t-elle un danger pour la démocratie? Ce corps devient-il plus important que le programme? Ou ne s'agit-il que d'une mise en scène nouvelle du corps physique du pouvoir? Au même titre que les empereurs romains ou celle des rois français. Ce qui change c'est que la chair, absente, devient très présente, proche de la trivialisation.
Ce mouvement d'individualisation efface les frontières entre espace public et vie privée surtout dans les médias de divertissement et de débat mais affecte également de plus en plus la communication politique qui voit ses acteurs rechercher la mise en scène de l'individu, le discours personnel, voire la confession. Auparavant toute mise en avant de la personne dans l'action politique était vue comme une dégradation ou une corruption d'un authentique espace public (selon Habermas). On parle alors de dérive populiste, de démagogie. Il faudrait alors s'interroger comme le fait Eric Maigret sur les formes possibles de personnalisation politique et interpréter le phénomène.
Pour finir, comment, dans une société marquée par la pression du public (une foule lyncheuse sur internet selon Finkielkraut) et la complexité des enjeux pour des élus à la fois chargés de résoudre les problèmes ET de représenter des populations hétérogènes, cette personnalisation peut apparaître pour les publics un moyen de juger leurs représentants?
Pour aller plus loin: rendez-vous sur mon blog destiné aux étudiants L1 educ
http://etaroncourssciencesinfocom.blogspot.com/

vendredi 9 octobre 2009

Lancement du blog


Enfin, le blog tant attendu est arrivé!
Pourquoi derrière la tête? Parce que, généralement c'est l'endroit que nos yeux ne peuvent atteindre. Ici, l'auteur de ce blog se propose de montrer ce que vous ne pouvez voir ou ce que vous ne voyez plus.
L'intérêt ne réside pas dans ce qui va être montré mais dans les demandes des uns et des autres et leurs commentaires.
L'action se passe à Angers, l'étudiant se prête avec grâce à cet essai pas plus surpris que cela de ma proposition : lui montrer ce qu'il a derrière la tête.
Différentes séries devraient suivre comme "Mais qu'est-ce qu'ils ont derrière la tête, les jeunes?"
"Qu'est-ce qu'ils ont derrière la tête les hommes?"
Les commerçants, les filles, etc.
Qu'y verrons-nous?
Ce blog est également destiné aux les étudiants d'Eric Taron qui seront redirigés vers d'autres liens, d'autre blogs spécifiques se rapportant à un cours ou une activité spécialisée.